Depuis le 4 octobre dernier, l'affaire du mail fait grand bruit au sein du Cercle des décideurs musulmans (C.D.M.) de Rhône-Alpes. Ses responsables sont déterminés à découvrir la vérité sur ce mystérieux courriel envoyé par un policier des RG au Conseil régional.
Depuis le 4 octobre dernier, l’affaire du mail fait grand bruit au sein du Cercle des décideurs musulmans (C.D.M.) de Rhône-Alpes. Ses responsables sont déterminés à découvrir la vérité sur ce mystérieux courriel envoyé par un policier des RG au Conseil régional.
Vive indignation de la communauté musulmane
Les responsables musulmans du C.D.M. où siègent notamment Azzedine Gaci, Président du Conseil Régional du Culte Musulman, Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon, Fouziya Bouzerda, avocate et vice-présidente du club Rhône-Alpes Diversité, et Jihade Belamri, Président du club des 2222, ont vivement réagi à l'affaire de ce mail sollicitant des informations sur les pratiques religieuses des employés du Conseil régional.
Quoiqu'il en soit, l'ensemble de la communauté a vivement réagi à l'affaire de ce courriel envoyé à la mi-septembre à la direction des Ressources humaines par unpolicier de la Direction Départementale de la Sécurité Publique du Rhône, anciennement les Renseignements généraux.
L'auteur souhaitait en effet, savoir s’il y avait « des agents de confession autre que chrétienne parmi le personnel... Dans l’affirmative, pouvez-vous me dire si certains d’entre eux ont demandé des
aménagements d’horaire ou de service pour pratiquer leur religion ? », avait-il ajouté.
Ils se sont dits « choqués » par la démarche de l'agent de la DDSP " nous condamnons avec la plus grande fermeté une initiative discriminatoire totalement illégale, contraire aux valeurs républicaines et au principe de laïcité", a annoncé leur communiqué.
Les responsables du C.D.M. ainsi que quelques élus du Conseil municipal, ont récemment demandé audience auprès du Président de la République.
Mais l'Élysée n’a pas donné suite à leur demande d'audition. Par contre, une enquête commanditée par la hiérarchie et des sanctions envers l’auteur du courriel, ont pu être établies.
Le policier a agi seul mais les soupçons persistent
Ainsi le ministère de l’Intérieur a proposé aux membres du C.D.M., une audience avec le Directeur adjoint du cabinet de Michèle Alliot-Marie. « On ne nous propose que le directeur de cabinet adjoint, quel manque de considération ! Je ne fais pas 1000 kilomètres pour voir seulement un directeur de cabinet adjoint sur une affaire de cette gravité » s’agace Azzedine Gaci.
Entre temps, une enquête a été déclenchée dans son département, laquelle a conclu que le policier avait agi seul. Sa sanction : un blâme et une mutation d’office dans un service où il n’entendra plus parler de renseignement. Mais l’explication du ministère de l’Intérieur n'a pas suffit à apaiser les membres de la communauté musulmane du Rhône-Alpes. « Vu la gravité de cette affaire, nous maintenons notre souhait d’être reçu par une haute autorité politique. Il faut qu’on nous dise qui est visé par ce courriel. », a affirmé Kamel Kabtane.
De la même façon, Jean-Jack Queyranne, Président socialiste du Conseil régional depuis 2004, a désapprouvé la démarche de MAM et l'a de suite, interpelée sur le fait que ce courrier électronique porte gravement atteinte aux libertés publiques.
A cela s'ajoutent les informations provenant des journalistes d'Europe 1. Ces derniers ont affirmé que le policier « aurait reçu des consignes de la part de sa hiérarchie pour réaliser une "étude sur l’influence du communautarisme religieux des milieux économiques et institutionnels" » Pour les musulmans de la région, l’affaire est donc loin d’être clause. « Nous n’excluons pas par ailleurs de déposer plainte » a précisé Azzedine Gaci. Le Président du CRCM dit en avoir « par-dessus la tête de jouer les pompiers de service et d’être un bâtisseur de paix entre les professionnels de la peur et les entreprises de la violence... L’islam radical est un fantasme. », assure-t-il. « Il n’est le fait que d’une très forte minorité : pas plus de cinq mosquées sur 180 en Rhône-Alpes, que nous surveillons de près. 95 % des imams aspirent à vivre en paix. Que l’Etat nous donne les moyens de développer la formation et nous prenne enfin au sérieux » A Kamel Kabtane de renchérir : « Et que l’on nous fasse également confiance ! » .